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L'ENFANCE DE L'ART...

Depuis de nombreuses années, je me plais à porter la bonne parole de l'Art auprès des écoliers. Un cercle scolaire des classes primaires assis par terre, attentif à tout et questionneur à tout va. Ce sont toujours des enfants curieux parce que leur enseignante a elle-même déjà fait la démarche de la curiosité. Je dis enseignante parce que je n'ai encore jamais vu d'enseignant avec ces enfants. A croire que le métier se conjugue uniquement au  féminin. Ce qui intéresse en priorité les petits ce sont les instruments. Et il faut être démonstratif : aller de la parole à l'acte parce que c'est cet acte - cette prise en main des outils - qui est peut-être le début d'une belle histoire artistique. Les enseignantes le disent : pratiquer quelques minutes avec un artiste soulève des tonnes de questions lors du retour en classe. Et en prime : quelques enfants conservent le syndrôme en eux. A contrario, il est devenu très difficile d'attirer les ados vers l'Art. Ils sont certes curieux - en général - mais rarement attirés ou intéressés. Ils sont, pour la quasi-totalité, enfermés dans un monde virtuel, dont il est presque impossible de les faire sortir. Il est vrai que l'école ne leur apporte plus cette curiosité nécessaire à la perméabilité des sens. Parfois l'un deux se connecte sur votre vécu, se branche sur votre envie de communiquer. Sans doute est-ce l'enfance de l'Art qui ressurgit. Mais cela ne dure pas longtemps. Et il apparait clairement qu'ils ne croient pas à la sincérité de l'expression artistique : de toute façon tout est faux et tout est falsifiable. Alors je pense à cela : les parents y sont certainement pour quelque chose ... (12/10)

CHANGEMENTS OU TRANSITIONS

« Je respire, je peins, je vends, je vis ». L’un des plus grands artistes peintres français serait bien gêné s’il vivait aujourd’hui. Le temps dit béni - c’est  à vérifier - de ce processus simple de la création est totalement remis en cause de nos jours. Pourtant, me direz-vous, quand on voit les prix délirants de certaines « œuvres » d’artistes vivants on peut se demander si l’adage de Magritte n’a toujours pas de cours. Parce que depuis Magritte les choses ont bien changé : les années 70 ont apporté le business de ces « sans vergogne » qui ont monté en épingle des artistes qui n’en sont pas mais qui leur rapporte du pognon.

Un nouveau business qui a bien vécu et qui continue à exister, constituant l’une des deux facettes de l’art à savoir son côté financier exclusivement. L’autre facette étant l’art à proprement parler qui habite une foultitude d’artistes conduits par la création et n’ayant pas la connaissance du consumérisme vénal.

Mais Internet est arrivé et avec lui un raccourcissement des relations entre le créateur et l’acheteur amoureux d’une œuvre. L’artiste peut désormais tâter de l’acheteur et le convaincre directement de sa mieux-disance créative. Bien sûr les vendeurs professionnels « font la gueule » parce qu’ils sentent que leur métier leur échappe. Pourtant certains parmi eux ont compris qu’ils doivent être plus proches de leurs artistes et les accompagner dans ce raccourcissement relationnel.

Nous vivons une époque de changements mais elle est avant tout une époque de transitions. (12/15)